Le dirigeant de l'Autorité financière des Premières Nations appelle à un partenariat significatif et à l'équité à l'heure où le Canada accélère la mise en œuvre de grands projets
Les Premières Nations sont prêtes à entreprendre la mise sur pied de grands projets, mais des partenariats significatifs et du temps pour se préparer sont essentiels, fait valoir Ernie Daniels, chef de la direction de l'Autorité financière des Premières Nations (FNFA).
« Les nations autochtones sont déjà des moteurs importants de l'économie canadienne et elles souhaitent participer davantage à ces grands projets, mais elles doivent être consultées de manière significative », a-t-il déclaré.
S'appuyant sur ses années d'expérience à la tête d'une organisation qui a transformé l'accès des Premières Nations au capital, M. Daniels a souligné qu'il fallait prévoir un « peu de marge de manœuvre » pour la consultation dans le calendrier de tout projet d'envergure ayant un impact sur les communautés autochtones.
À propos de la manière d'approfondir l'engagement et de faire progresser la réconciliation économique, M. Daniels a souligné que si « les Premières Nations souhaitent participer à ces projets », les gouvernements et l'industrie doivent « commencer immédiatement à traiter avec les Premières Nations afin de créer cette marge de manœuvre plus importante ».
« Étant donné que les délais de ces projets seront beaucoup plus courts du point de vue du gouvernement, il est important que le gouvernement et l'industrie entament immédiatement des discussions avec les Premières Nations afin de créer cette marge de manœuvre supplémentaire et d'offrir véritablement... une participation au capital de ces projets. »
Ernie Daniels, chef de la direction de l'Autorité financière des Premières Nations
Le projet de loi C-5 visant à raccourcir les délais de réalisation des projets, de la conception à la production, M. Daniels a tenu à préciser que la consultation des Autochtones ne pouvait être une réflexion menée après coup. « Si je prends l'exemple du projet Cedar LNG, les discussions ont probablement duré plus de huit à dix ans. Étant donné que les délais de ces projets seront beaucoup plus courts du point de vue du gouvernement, il est important que le gouvernement et l'industrie entament immédiatement des discussions avec les Premières Nations afin de créer cette marge de manœuvre supplémentaire et d'offrir véritablement... une participation au capital de ces projets. »
Le succès de la FNFA a attiré l'attention internationale. « Nous sommes la seule institution de ce type au monde pour les Premières Nations », a souligné M. Daniels. « Nous collaborons avec des peuples autochtones internationaux pour partager nos expériences. Je viens de recevoir un courriel d'une personne en Nouvelle-Zélande qui souhaite discuter de la manière dont ils peuvent s'inspirer de ce que nous faisons. »
D'une note de crédit A en 2012 à AA+ aujourd'hui, les progrès de la FNFA en disent long, a déclaré M. Daniels.
Né et élevé à Fort Smith, dans les Territoires du Nord-Ouest, M. Daniels est fier d'appartenir à la Première Nation de Salt River, une communauté déné crie. Comptable professionnel agréé et gestionnaire financier autochtone certifié, il dirige la FNFA depuis 2011. M. Daniels est également le premier membre d'une Première Nation à avoir été nommé au conseil d'administration de la Banque du Canada.
La FNFA, explique-t-il, est une institution dirigée par les Premières Nations créée en vertu d'une loi fédérale appelée la Loi sur la gestion financière des Premières Nations (2025). Son mandat : fournir des services de financement, d'investissement et de conseil aux gouvernements des Premières Nations partout au pays, avec pour mission d'aider « les communautés des Premières Nations à bâtir leur propre avenir selon leurs propres conditions ».
Sous la direction de Daniels, les obligations de la FNFA sont désormais « achetées et vendues sur les marchés financiers pratiquement partout dans le monde ». L'organisation a aidé plus de 190 Premières Nations à accéder à des financements pour des initiatives dans les domaines du logement, des infrastructures et du développement économique majeur.
Ces succès s'inscrivent dans un cadre national en pleine évolution en matière de développement des ressources et des infrastructures. En juin 2025, le Parlement a adopté le projet de loi C-5, qui promulgue la Loi visant à bâtir le Canada. La nouvelle loi a également créé le Bureau des grands projets (BGP), dont le siège est à Calgary et qui est dirigé par Dawn Farrell, une vétérane des secteurs de l'énergie et des infrastructures au Canada.
Le BGP est conçu comme un guichet unique pour les promoteurs de projets, simplifiant les autorisations réglementaires fédérales, coordonnant le financement et raccourcissant les délais d'examen des projets jugés d'intérêt national à un maximum de deux ans. Il est important de noter que la législation s'engage explicitement à promouvoir la participation des Autochtones aux grands projets, soulignant que le partenariat et la consultation avec les peuples autochtones sont au cœur de son mandat.
Dans ce contexte, l'appel de M. Daniels en faveur d'une véritable collaboration revêt une importance encore plus grande. À l'heure où le Canada accélère le développement à grande échelle des infrastructures et des ressources, garantir une participation précoce, significative et équitable des Premières Nations n'est pas seulement une question de réconciliation, mais une condition préalable au succès à long terme.
De plus, la durabilité et l'inclusion, piliers du travail de la FNFA, sont également essentielles à la réussite à long terme, a précisé M. Daniels.
« Nous voulons bâtir un avenir meilleur pour nos enfants, comme nous le voulons tous au Canada. Nous souhaitons avoir un milieu de vie où il fait bon vivre. La protection de l'environnement est donc très importante. Cela doit être pris en considération », a-t-il déclaré, soulignant que chaque projet que la FNFA aide à financer est étiqueté selon les objectifs de développement durable des Nations unies afin de garantir une croissance durable.
Pour M. Daniels, permettre aux Premières Nations de produire et de gérer leur propre richesse est essentiel pour atteindre cet objectif. « Si elles disposent de sources de revenus qu'elles peuvent sécuriser et financer elles-mêmes, elles vont construire de nouvelles infrastructures dans leurs communautés. Elles vont s'en charger, elles vont investir dans d'autres projets qu'elles jugent intéressants pour elles. Il est donc très important pour les Premières Nations de faire partie du tissu économique du Canada », a-t-il indiqué.
« En permettant aux Premières Nations de s'impliquer réellement dans bon nombre de ces projets de développement économique, nous allons augmenter notre PIB et notre contribution au Canada. Il est donc dans l'intérêt de tous les Canadiens que les Premières Nations participent au développement économique futur de ce pays, qu'elles soient présentes à la table des négociations, qu'elles discutent de ces questions et qu'elles soient de véritables partenaires du Canada . »
Ernie Daniels, chef de la direction de l'Autorité financière des Premières Nations
Selon lui, l'impact va bien au-delà des nations individuelles. « Nous représentons environ 2,5 % de la population, mais notre contribution au PIB est inférieure à cela. En permettant aux Premières Nations de s'impliquer réellement dans bon nombre de ces projets de développement économique, nous allons augmenter notre PIB et notre contribution au Canada. Il est donc dans l'intérêt de tous les Canadiens que les Premières Nations participent au développement économique futur de ce pays, qu'elles soient présentes à la table des négociations, qu'elles discutent de ces questions et qu'elles soient de véritables partenaires du Canada », a-t-il déclaré, ajoutant : « Les investisseurs qui vont investir dans ces projets veulent savoir qu'ils sont durables, et c'est ce qui importe vraiment. »
Une décennie de croissance
Cette année marque le 10e anniversaire de la première émission obligataire de la FNFA. « En 11 ans, nous avons émis avec succès 14 obligations sur les marchés financiers, passant d'émissions annuelles au cours des premières années à plusieurs émissions par an qui sont sursouscrites », a-t-il déclaré.
Cette sursouscription est plus qu'une étape financière importante, c'est un signe de confiance. « C'est un message adressé aux gouvernements des Premières Nations, leur indiquant que nous pouvons accéder aux marchés financiers pour obtenir le financement dont ils ont besoin », a-t-il déclaré.
Pour l'avenir, Ernie espère voir les Premières Nations « en mesure de gérer leur richesse, de contrôler leur propre destin et d'offrir une meilleure qualité de vie à leur population ».
« C'est ce que j'attends vraiment avec impatience », a-t-il ajouté. « Faire partie du tissu canadien pour le développement économique et être à la table des négociations en tant que partenaire majeur dans des projets qui auront un impact sur le Canada et le monde. »
Lorsqu'on lui a demandé pourquoi il était important pour la FNFA de se joindre à la Coalition pour un avenir meilleur, M. Daniels a répondu que c'était parce que « nos objectifs concordaient ».
Pour Daniels, c'est cet objectif commun qui donne tout son sens à la Coalition. « La Coalition aspire à un avenir meilleur pour les Canadiens, ce qui recouvre beaucoup de choses », a-t-il souligné. « Nous sommes sur la même longueur d'onde. J'ai écouté Lisa Raitt et Anne McLellan s'exprimer, et nous tenons le même langage, ce que j'apprécie beaucoup. »
En conclusion, il a ajouté : « Nous essayons de faire la même chose, mais elles le font d'une manière différente. Nous allons toutefois dans la même direction. »