Mieux vivre : La crise du marché du logement au Canada remet en cause notre prospérité économique

Anne McLellan et Lisa Raitt

Quel que soit le point de vue, le Canada est confronté à une crise du logement qui constitue aujourd'hui un des principaux obstacles à notre prospérité économique.

L'amélioration du niveau de vie de tous les Canadiens est un des trois piliers de la prospérité mis de l'avant par la Coalition, et le logement est évidemment un élément déterminant de la qualité de vie.

Un logement n'est pas seulement un besoin de base et un droit fondamental, c'est aussi un élément central de l'avoir des propriétaires et locataires, et il représente une grande partie de leurs dépenses, qu'ils remboursent un prêt hypothécaire ou paient un loyer. Le logement est également à la base d'une grande partie de l'activité économique - de la construction, aux banques, en passant par les transactions immobilières.

L'état de plus en plus maladif du marché immobilier canadien est donc une source d'inquiétude majeure.

Des années de hausse effrénée des prix ont évincé les jeunes du marché ou forcé d'autres citoyens à contracter des hypothèques importantes qui constitueront un fardeau pour plusieurs, toute leur vie durant.

La dépendance excessive du pays à l'égard de l'endettement des ménages constituera un poids mort pour la croissance pendant des années, tout en étant une source de risques importants pour notre résilience économique et pour notre stabilité financière dans un monde où les taux d'intérêt sont de plus en plus élevés.

Même si les nouveaux logements contribueront à résoudre bon nombre de ces problèmes, le rythme de la construction de logements ne s'accélérera pas suffisamment pour combler le déficit d'accessibilité dans un avenir proche. Nous pourrions même assister à un ralentissement de la construction en raison de l'augmentation du coût du financement des nouvelles habitations.

Les valeurs gonflées qui prévalent sur le marché immobilier canadien est devenu une source de vulnérabilité pour le système financier, un frein à la demande lorsque les ménages tentent de rembourser des emprunts démesurés et une contrainte pour notre capacité à accroître notre main-d'œuvre.

Entre-temps, les politiques de mesures incitatives pourraient continuer à favoriser une inflation du marché du logement, étant donné que l'immobilier est devenu un élément important de notre patrimoine : il représente plus de la moitié de l'ensemble des actifs détenus par la plupart des ménages.

C'est une recette propice à la stagnation et, fondamentalement, l'histoire édifiante d'un pays qui n'a pas su prêter attention aux principes économiques fondamentaux sous-jacents dans sa quête de solutions rapides et à court terme, avec de l'argent facile.

Le gouvernement fédéral adopte certaines mesures, mais tarde à les mettre en œuvre. À l'heure où nous nous attendons à ce qu'un plan de logement plus complet soit présenté dans la déclaration économique d'automne, le gouvernement est confronté à des choix difficiles, à commencer par la question de savoir s'il faut freiner l'immigration internationale pour étouffer la demande.

Tout cela se produit à un moment où d'autres moteurs économiques sont également en ralentissement, de l'affaiblissement des dépenses de consommation à la détérioration de la capacité des gouvernements à dépenser.

Depuis la création de la Coalition, il y a deux ans, nous faisons valoir l'importance de la productivité pour générer des salaires et des revenus plus élevés à long terme pour les travailleurs canadiens.

Ce n'est pas une fin en soi, bien sûr.

C'est pourquoi nous suivons huit indicateurs pour mesurer les progrès réalisés dans ce domaine - de la rapidité de la croissance des revenus à la proportion de femmes occupant des postes de direction, en passant par les disparités raciales en matière de revenus.

Nous avons constaté, par exemple, que le gouvernement fédéral a apporté un soutien généreux aux familles à faible revenu au cours des dernières années. Le Canada enregistre également des progrès en matière d'inclusion économique, notamment d'importantes avancées sur le marché du travail pour les populations autochtones.

Ce que nous constatons aujourd'hui, cependant, c'est que notre productivité anémique nous laisse peu de marge pour absorber la faiblesse d'autres segments de l'économie qui met en péril toutes ces avancées. 

À l'approche de la publication du Rapport sur le Tableau de bord en mars 2024, nous analysons attentivement les données afin de comprendre comment la faible productivité de notre pays influe sur la prospérité économique du Canada. 

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